03/10/2018

Obike, la petite entreprise qui descend

Si vous habitez Paris et n’avez jamais entendu parler d’oBike, vous avez sûrement déjà vu ses deux roues curieux, gris et jaunes, qui encombrent les trottoirs de la capitale. Une douzaine d’entreprises de vélos partagés se disputent le marché, et comme le disait Alban Sayag, ex-PDG d’oBike : « Tous les opérateurs ne pourront pas survivre » … Lucide, le boss avait peut-être déjà anticipé sa chute.

 

Y’a-t-il un pilote chez oBike ?

 

oBike est une startup singapourienne qui a investi 38 millions d’euros pour envahir les capitales de la planète, de Melbourne à Rome en passant par Paris, où elle s’est installée en novembre 2017. Trente-huit millions pour un si grand marché, c’est peu, par conséquent les vélos mis à disposition sont particulièrement rudimentaires. L’équipe parisienne chargée de gérer la flotte est réduite à son minimum. Lors d’un reportage, réalisé par France Info en novembre 2017 dans les locaux parisiens d’Obike, on constate que, ce qu’Alban Sayag appelle « la tour de contrôle » n’est en réalité qu’une une petite salle où deux très jeunes personnes pianotent sur un ordinateur portable. Côté management, les choix posent aussi question. Alban Sayag, fondateur de l’application WINGiT, liquidée en mars 2018, est un habitué des faillites et des dépôts de bilan. Les fondateurs d’oBike ne se sont peut-être pas vraiment donnés les moyens de réussir. En juin 2018, après seulement quelques mois à la tête de de la flotte jaune et grise, le PDG a quitté l’entreprise. A-t-il jeté l’éponge ou les Singapouriens se sont-ils aperçus de leur erreur de casting ? Mystère.

 

La mauvaise idée…

 

Il est possible qu'Alban Sayag ne soit pas remplacé dans le cas où les fondateurs d’oBike aient décidé de se retirer de la capitale française où ils n’ont connu que des déboires. Le premier problème, et non le moindre, auquel la société a été confrontée est le manque de clients. A quoi sert d’entretenir une importante flotte de 500 vélos si vous n’avez pas d’utilisateurs ? Sur son compte Facebook, la compagnie revendique 128'000 abonnés mais obtient un ou deux « j’aime », pas plus, à chacune de ses publications, preuve du manque d’engagement. De plus, les deux roues encombrant les rues souvent inutilement. Gênant les piétons, ils ont souvent été vandalisés, mais pas volés, leur qualité laissant à désirer. Pour remédier à cette situation et entretenir le parc, Alban Sayag avait cependant eu une idée de génie : rémunérer les associations de cyclistes pour réaliser le travail que sa société était incapable de faire. Problème majeur, tout se paye et cette illumination réduisait les marges, déjà faibles, d’oBike de 50%. Enfin, devant le capharnaüm de toutes les flottes des douze compagnies qui se disputent le marché, la mairie de Paris avait envisagé de faire payer une taxe sur les vélos partagés. Bref, l’investissement dans la capitale, même à peu de frais, avait tout d'une fausse bonne idée.

 

Le Titanic

 

Alban Sayag, le capitaine du bateau, a quitté un navire en train de couler et fonce déjà vers de nouvelles aventures. Malgré ses multiples déboires, la plupart des sociétés qu’il a créées ont été liquidées. Il ne semble toutefois pas rencontrer de difficultés à se relancer. Il pourrait pour cela bénéficier de l’aide de son père, Roland Sayag, un entrepreneur touche à tout, des produits de beauté à l’immobilier... A quand le prochain naufrage ?

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